Bartolomeo Neroni, dit Il Riccio (Sienne vers 1505 - 1571)
L’Adoration des Mages
Italie, Toscane, Sienne, 1530-35
Gouache sur vélin
Dimensions : 133 × 100 mm. (Sous encadrement).
English abstract
Adoration of the Magi
Italy, Tuscany, Siena, 1530-35
Attributed to Bartolomeo Neroni, known as Il Riccio (Siena 1505-1571)
Dimensions: 133 × 100 mm. Framed.
This is a relatively early work attributable to Bartolomeo Neroni, painter, illuminator and architect from Siena (around 1505-1571). The composition
is inspired by a painted panel, Epiphany, attributed to Giovanni Antonio Bazzi known as « Le Sodoma », painted for the San Agostino church in Siena in 1530
(Piccolomini Chapel). It was in the tranquility of the Benedictine Olivetan Abbey of Monte Oliveto Maggiore, south of Siena, that Neroni carried out his first documented work (in 1531-32), that is a series of miniatures for antiphonaries intended for another Olivetan abbey in Finalpia, on the Ligurian coast. One of these antiphonaries (Genoa, Biblioteca Civica Berio) conceals, in one of the initials, an almost identical scene, with slight differences in the background.
Comparisons: King Melchior and Saint Jerome from an altarpiece, Florence, Pandolfini, sale of November 17, 2015, lot 209.
Literature: A. Cornice, “Bartolomeo Neroni detto il Riccio”, in Arte a Siena sotto i Medici 1555-1609, Roma, 1980, pp. 27-47.
Dans un cadre rectangulaire d’or liquide sur bleu, les trois mages offrent leurs cadeaux à l’Enfant Jésus assis sur les genoux de la Vierge, sous le regard de saint Joseph. Derrière eux s’étend leur cortège, avec trois hommes montés à cheval. A l’arrière-plan, un cadre montagneux avec un château sur la cime.
La technique est méticuleusement raffinée : la palette consiste en un contraste subtil de lavis pour les tons chair ponctués de touches de rose pour les joues et les lèvres, et de couleurs vives pour les vêtements rehaussées d’or liquide.
Bartolomeo Neroni, peintre, enlumineur et architecte siennois (vers 1505 – 1571), en est à ses débuts lorsqu’il peint cette miniature. Vasari le dit « peintre très habile », auteur de « belles et bonnes peintures qui se trouvent à Sienne et ailleurs ». Elève et gendre de Sodoma, son art est plus classique et poétique que celui, plus maniériste et lyrique, de Beccafumi, et c’est cela qui frappe d’abord dans cette miniature où semble souffler encore l’esprit du Pérugin et de Pinturicchio. Cette composition s’inspire du panneau peint, l’Epiphanie, par son probable maître, Giovanni Antonio Bazzi dit « Le Sodoma », pour l’église San Agostino de Sienne en 1530 (Chapelle Piccolomini).
Dans la plus pure tradition de la Renaissance, Neroni fut aussi bien architecte, sculpteur, ingénieur. Débutant au moment où l’armée de Charles-Quint saccageait Rome et occupait Sienne, il fut 25 ans plus tard l’ingénieur des fortifications du dernier siège qu’eut à subir la ville, avant sa capitulation en 1555 et son annexion par Florence en 1559.
C’est dans la quiétude de l’abbaye bénédictine olivétaine de Monte Oliveto Maggiore, au sud de Sienne, qu’il effectue son premier travail documenté (en 1531 – 32), des miniatures pour des antiphonaires destinés à une autre abbaye olivétaine de Finalpia, sur la côte ligure. L’un de ces antiphonaires (Gênes, Biblioteca Civica Berio) recèle, sur l’une des initiales, une scène presque identique, avec de légères différences dans l’arrière-plan.
On lui doit également la décoration du dôme de la cathédrale de Sienne avec une fresque représentant le Martyr des quatre saints couronnés (détruite à la fin du XVIIe siècle, quelques fragments conservés), le cloître de monte Oliveto Maggiore, et surtout une de ses œuvres les plus importantes Le couronnement de la Vierge conservé à la pinacothèque nationale de Sienne.
La finesse de la touche, la subtilité du coloris, et le style très proche d’un dessin à la plume du même Riccio, Auguste et la Sibylle, au Metropolitan Museum de New York, laissent peu de doute quant à l’attribution.
Habitué aux retables d’autel ou aux peintures murales, Neroni s’essaie ici à la peinture de dévotion pour un particulier, lui-même ou l’un des moines de Monte Oliveto Maggiore. Il travaillera encore pour l’abbaye en 1534 afin de peindre, dans le cloitre, l’ultime fresque du cycle de la vie de Saint Benoit où s’étaient succédé Signorelli et Sodoma : Saint Benoit envoie Maur en France et Placide en Sicile. On y trouve entre les personnages, et jusqu’aux chevaux, les mêmes jeux de regards qui contribuent au charme de l’une et l’autre scène.
Comparaisons : Figure du roi Melchior agenouillée associée à celle du saint Jérôme d’un panneau peint de devant d’autel, Florence, Pandolfini, vente du 17 novembre 2015, lot 209.
Provenance : Londres, Christie’s, 12 juin 2013, lot 18.
Bibliographie : A. Cornice, « Bartolomeo Neroni detto il Riccio », in L’Arte a Siena sotto i Medici 1555 – 1609, catalogo della mostra a cura di Fiorella Sricchia Santoro, Siena, Palazzo Pubblico, Magazzini del Sale, 3 maggio-15 settembre 1980, Roma, 1980, pp. 27 – 47 ; M. Ciampolini, « Neroni, Bartolomeo detto il Riccio », in La Pittura in Italia, il Cinquecento, Milano, 1988, p. 782 ; Alessandro Nesi, Bartolomeo Neroni detto il Riccio. I santi Pietro e Paolo coronati da angeli.