« Le comédien est celui qui arrive à oublier sa propre personnalité à force de prendre celle d’autrui. » Jean-Jacques Rousseau

BATHILLE Pierre

L’Acteur. Comment on le devient. Avantages et inconvénients de la carrière

Paris, Librairie Bernardin-Béchet, s. d. [1933]

In-8 broché, 48 pp., couverture souple illustrée

Dimensions : H. 240 × L. 156 mm.

English abstract

[THEATRE]. [BATHILLE Pierre].
L’Acteur. Comment on le devient. Avantages et inconvénients de la carrière
Paris, Librairie Bernardin-Béchet, [1933]


Popular practical guide on acting, with photographic inserts (2 with Charles Dullin, famous director of the 1930s and director of Théâtre de l’Atelier, as well as 2 with Raphaël Duflos, a famous actor).

Ce guide pratique, pour­rait-on dire, est paru en 1933 dans la col­lec­tion « Choisissez votre pro­fes­sion », au prix de 4 francs à l’usage d’apprentis théâtreux. C’est un livre de vul­gar­isa­tion sur le méti­er d’acteur, avec quelques planches pho­to­graph­iques hors-texte sur papi­er glacé (2 avec Charles Dul­lin, célèbre metteur en scène des années 1930 et dir­ec­teur du Théâtre de l’Atelier, ain­si que 2 avec Raphaël Duflos, célèbre comédi­en de l’époque).

Comme tout homme de théâtre, Pierre Bat­hille rap­pelle la dis­tinc­tion, certes import­ante, entre l’acteur et le comédi­en. Pour lui, l’art du comédi­en « demande à la fois tous les tal­ents extérieurs d’un grand orat­eur et tous ceux d’un grand peintre, mais mal­heureuse­ment on chois­it trop souvent la pro­fes­sion de comédi­en sans exa­men, on la suit sans trav­ail et l’on y per­siste par habitude et par néces­sité sans se douter que cet art exige des qual­ités excep­tion­nelles d’intelligence, de vérité et de force. C’est à l’étude des grands maîtres, à la pratique du théâtre, au trav­ail, à la réflex­ion, à per­fec­tion­ner les dons naturels. Mal­heureuse­ment, le plus grand comédi­en ne va pas jusqu’à créer, mais à rendre plus sens­ibles les beau­tés de son mod­èle ; son art peut imposer sur les défauts ; il ne peut rien contre l’absence de beau­té. Le grand acteur suit son impul­sion ; les plus fameux se sont formés eux-mêmes à l’école du temps et des revers. »

Trav­ail et appren­tis­sage sont les maîtres-mots de Pierre Bat­hille pour tout prétend­ant au Con­ser­vatoire. C’est pour­quoi l’auteur se charge ici de pro­fess­er l’ensemble de ses recom­manda­tions. Mais tout le tal­ent réside exclus­ive­ment par le don.

L’opuscule présente égale­ment une amusante « nomen­clature des gestes » (p. 16) dont les élèves peuvent s’inspirer par l’observation du quidam dans la rue :

« […] La frayeur : la tête en arrière, les dents claquant, le regard fixe. […]

L’insolence : la tête haute, rejetée en arrière. […]

La honte : les mains jointes, les bras tombants ou collés au corps. […]

Le respect : le corps incliné en avant, les jambes réunies. […] ».

L’histoire du théâtre jusqu’aux années 30 se mêle à l’apprentissage. Ce « guide » est empre­int de la cri­tique, chère à Pierre Bat­hille dans sa rédac­tion. De son vrai nom Pierre Lab­racher­ie (1896−1977), il est le rédac­teur en chef de la Nou­velle revue cri­tique de 1928 à 1939 et écrivain, après avoir écrit avec vigueur dans la revue Le Cra­pouil­lot. Il a lais­sé une œuvre d’historien (essais sur le Second Empire, La vie quo­ti­di­enne de la bohème lit­téraire au XIXe siècle, bio­graph­ies de Cam­ille Des­moulins, de Fouquier-Tin­ville…) mais égale­ment de poète (études sur Apol­lin­aire, La Grande com­plainte de l’An XL, La vie inim­it­able d’André Berry, trouvère gas­con). La sin­gu­lar­ité de Bat­hille fut d’avoir mil­ité en faveur du Gal­lican­isme, poésie pop­u­laire dont not­am­ment André Berry a tenté de res­sus­citer le genre.