[GENEALOGIE]. [PICON]

Généalogie de la Maison de Picon

Ensemble l’Inventaire, Tittres, Jugemens, et Arrests De Confirmation et maintenue de la Noblesse de laditte maison.

France, 1698-1700

En français et latin

In-folio. [3], 78, [2] ff., encre brune et crayon sur vélin, plein maroquin rouge, triple filet doré en encadrement, avec grandes armes dorées centrées sur les plats, dos à nerfs orné et titré « Généalogie de la maison de Picon », roulette intérieure, tranches dorées, gardes de papier marbré. (Reliure de la seconde moitié du XVIIe siècle) ; (reliure frottée ; quelques tâches). Dimensions : H. 315 × L. 245 m.

Ce manuscrit con­tient 28 act­es, juge­ments ou arrêts relatifs à la mais­on de Picon, col­la­tion­nés sur les titres ori­gin­aux de 1259 à 1698. La plu­part sont cer­ti­fiés par Henri d’Aguesseau, intend­ant du Lim­ous­in puis du Langue­doc, et père du célèbre chancelier.

La famille de Picon est ori­gin­aire de Savone en Italie. Elle est con­nue depuis Nic­olas Piconis, qui fut gouverneur de Savone en 1259.Cette famille Picon, dont les armes (fol. 2) sont : « porte d’azur à un bras d’argent armé d’une demye pique d’or au fer d’argent, et au chef cousu de gueule char­gé de trois couronnes d’or fleur­del­izeez, sup­ports deux grif­fons d’or », provi­ent d’Andrezel, en Brie, près de Melun, en actuelle Seine-et-Marne.

Deux membres illustres de cette famille sont men­tion­nés dans l’arbre généa­lo­gique dess­iné aux fol. 3 et 50 (avec leurs alli­ances) : l’un est Jean-Bap­tiste-Louis Picon (1663−1727), vicomte d’Andrezel. Il déb­ute sa car­rière comme secrétaire des com­mande­ments du Grand Dauph­in puis comme sub­délégué à l’Intendance d’Alsace (1701). Pro­tec­teur des arts, dédicataire de la première œuvre du musi­cien Joseph Bod­in de Bois­morti­er (1689−1755), Picon va être nom­mé intend­ant en Roussil­lon, Cer­dagne et comté de Foix dès octobre 1716, après avoir été con­seiller et secrétaire du roi. Il ajoute à sa charge celle d’intendant de l’armée d’Espagne (1719) et, le 6 mars 1724, partira à Con­stantinople comme ambas­sadeur de France auprès de la Sub­lime Porte, le gouverne­ment otto­man. Le vicomte épouse en 1712 Françoise-Thérèse de Bas­sompi­erre (1675−1749) avec qui il a deux fils, dont Louis René Picon, mar­quis d’Andrezel (1713 – vers 1765).

Le deux­ième est Jean-Bap­tiste Louis est le fils d’Antoine-Hercule Picon, comte d’Andrezel (1624−1699), con­seiller d’Etat, Secrétaire du Con­seil de la reine, intend­ant des affaires du car­din­al Maz­ar­in, premi­er com­mis de Col­bert, con­seiller d’Etat à brev­et (1663), main­tenu noble (1668), et maître ordin­aire en la chambre des comptes de Par­is (1675).

« Mon­sieur d’Andrezel avait du génie plutôt pour le monde que pour les grandes affaires. Il entendait bien les fin­ances et avait été un bon Intend­ant. Mais les négo­ci­ations étaient au-delà de sa sphère. Au reste il était bon, généreux, ser­vi­able, affable, trop facile à croire ce qu’on lui disait, et trop peu stable dans ses sen­ti­ments » nous dis­ent les Mém­oires du mar­quis d’Argens.

La famille Picon est d’ailleurs con­nue par les Arts : un jeton aux armes d’Antoine-Hercule Picon est con­ser­vé au musée Carnavalet (inv. NJ9312). Madame de Sévigné l’évoque par ail­leurs dans une de ses lettres à Madame de Grignan.

Un tableau célèbre de Jean-Bap­tiste Van Mour con­ser­vé au musée des Beaux-Arts de Bor­deaux représente la Récep­tion de l’Ambassadeur de France, le vicomte d’Andrezel, par le Sul­tan Ahmed III, le 17 octobre 1724, à Con­stantinople : com­mandé par Picon lui-même, aux côtés de Jean-Bap­tiste Louis, ses deux fils.

Un por­trait peint de Jean-Bap­tiste Louis Picon par Hyacinthe Rigaud en 1716 n’est mal­heureuse­ment con­nu que par la grav­ure qui en a été faite en 1719 par François Chér­eau. Picon a alors 53 ans. Nous savons par les archives de Rigaud que le paiement, inscrit aux livres de comptes en 1716, s’élevait à 300 livres (Par­is, bib­lio­thèque de l’Institut de France, ms. 624, f° 38 : « M[onsieu]r Dandrezel [rajout : Jean-Bap­tiste-Louis Picon cheval[ie]r S[ei]g[neu]r hab[illement] rép[été] »). D’Andrezel remer­ci­era le zèle de Rigaud pour son por­trait par deux caisses de mus­cat de Rivesaltes (lettre du 27 jan­vi­er 1717, archives départe­mentales des Pyrénées-Ori­entales, A.D.P.O. C 739).

Pour cette lignée, l’arbre généa­lo­gique s’arrêtant à Jean-Bap­tiste Louis et ne men­tion­nant pas encore Louis René (né en 1713), nous pouvons dès lors pla­cer ce manuscrit à la toute fin du XVIIe siècle.

Autre lignée : Charles Picon, fils de Jean, petit-fils de Gab­ri­el, frère de Ant­oine-Her­cule, est le derni­er per­son­nage de l’arbre. Il est très cer­taine­ment né vers 1688, date du mariage de Jean avec Mar­guer­ite de Chastagnac.

Nous sommes en présence d’un second manuscrit que celui que l’étude Binoche et Giquello a mis en vente le 18 décembre 2013 (lot 186). Ce derni­er est orné d’un arbre généa­lo­gique peint à l’aquarelle avec des rehauts d’or, un médail­lon port­ant les arm­oir­ies familiales et à l’arrière-plan, une vue de la ville por­tuaire de Savone, dans la baie de Gênes en Italie.

Les quelques différences not­ables entre l’arbre généa­lo­gique ébauché ici et le peint sont d’une part, le décor en arrière-plan qui représente des montagnes (une men­tion manuscrite au cray­on indique « montagnes de Vivarois ») alors que le manuscrit peint représente Savone, et d’autre part, le som­met gauche de l’arbre se com­pose ici d’un seul médail­lon présent­ant l’ancêtre Charles, alors que l’arbre peint présente quatre médail­lons croqués, lais­sés vis­ible­ment inachevés, et tous reliés à Jean.

De plus, le manuscrit que nous présentons con­tient 28 act­es, juge­ments ou arrêts relatifs à la mais­on de Picon, col­la­tion­nés sur les titres ori­gin­aux de 1259 à 1698, alors que le manuscrit peint, 29 act­es et autres col­la­tion­nés sur les titres ori­gin­aux de 1259 à 1668.

Alors que le manuscrit de la vente Binoche et Giquello est un exem­plaire relié pour Ant­oine-Her­cule Picon (1624−1699), sei­gneur de Pouz­il­lac, trésor­i­er de Maz­ar­in de 1650 à 1657 et con­seiller d’État, avec ses armes sur les plats et un ex-lib­ris armor­ié gravé du XVIIesiècle con­ten­ant 96 feuil­lets, le manuscrit qui nous occupe est postérieur, d’après les nom­breuses différences précitées.

La nature même d’ébauche rend ce manuscrit par­ticulière­ment intéress­ant avec not­am­ment la main du Picon com­man­ditaire de ce derni­er (au f. 78 : pro­jet de blason « de la main de Picon » (men­tion au cray­on) avec l’ensemble des alli­ances, signé Picon et titré Pro­jet avec mes alli­ances).

Men­tions manuscrites postérieures du XXe siècle : « Ex. proven­ant de la vente du Bar­on Pichon, IIIe partie », « rel. aux Armes. Le fer est incon­nu et a cer­taine­ment était gravé pour ce livre. Aucune trace ail­leurs de ce fer ».

Bib­li­o­graph­ie : Cata­logue de vente de la Bib­lio­thèque de feu M. le Bar­on Jérôme Pichon, 3e partie : Ouv­rages sur le blason et la noblesse, Par­is, Techen­er, 1897 – 1898.