"Moi, mon colon, celle que j’préfère,
C’est la guerr’ de quatorz’-dix-huit !"
Georges Brassens
[TSINGTAO (Shandong)]. [KURUME (Camp)].
Album traditionnel japonais avec couverture en laque contenant des photographies réunies par un prisonnier allemand interné au Japon.
Chine, Tsingtao et Japon, Camp de Kurume, 1915-1920
350 photographies de différents formats contrecollées sur 30 cartons montés sur onglets. Album avec couverture en laque représentant un paysage avec maisons et oiseaux. Dimensions : 270 × 370 mm.
English abstract
[TSINGTAO (Shandong)]. [KURUME (Camp)].
Traditional Japanese album with lacquer cover containing photographs collected by a German prisoner interned in Japan.
China, Tsingtao and Japan, Kurume Camp, 1915-1920
Album of 350 photographs of different formats, pasted or mounted on tabs.
Dimensions of album: 270 × 370 mm.
This album documents a little known and often forgotten episode during the First World War. After Germany and its allies were defeated in Tsingtao, their soldiers were captured and sent to Japan. More than 4,600 combatant prisoners of war (POWs) were interned in temporary camps in cities throughout Japan.
In 1915, after it became clear that the war would last longer than originally expected, Japanese military
authorities constructed permanent POW camps to make prisoners’ living conditions more tolerable. Though strictly controlled by the military authorities, the prisoners were treated as fellow soldiers in accordance with the Hague Convention of 1907: these photographs document their living conditions.
Le Japon s’empare en août-octobre 1914 de la colonie chinoise de Tsingtao, concession allemande (aujourd’hui Qingdao), sorte de Hong-Kong germanique, à la demande de son allié l’Angleterre. La garnison allemande capitule et quelques 4700 soldats allemands (mais aussi quelques français, tchèques et autrichiens) encadrés par 180 officiers sont internés au Japon, répartis en plusieurs camps dont celui de Kurume (ouest du Japon) dont notre album fait l’objet.
Traités dans le respect des conventions de La Haye (adoptés par le Japon le 18 octobre 1902), les prisonniers du camp qui fut un modèle du genre où pendant cinq ans ils purent à loisir s’organiser et se procurer ce dont ils avaient besoin. Nombre d’entre eux, réservistes, reprirent leur activité professionnelle, initiant les japonais aux techniques occidentales de fabrication pour l’essentiel culinaire (beurre, fromage, boulangerie, pâtisserie). Libérés à la signature du traité de Versailles, plus de 170 d’entre eux restèrent au Japon pour y faire souche et créer des entreprises dont certaines perdurent aujourd’hui, notamment à Kobe.
Malgré les bonnes conditions de détention, il y eut le 15 novembre 1915 un incident au camp de Kurume, lorsque le commandant, Masaki Jinzaburô, gifla des officiers allemands qui refusèrent de célébrer l’intronisation de l’empereur Taishô qui avait lieu ce jour-là. Ce geste qui constituait une violation de la Convention de la Haye fut dénoncé avec véhémence à tem point que le commandant du camp fut contraint de démissionner. On peut néanmoins considérer cet incident comme isolé : il n’y eut quasiment pas d’autre cas de mauvais traitements.
Cet album témoigne de l’activité sportive et culturelle du camp. Par ailleurs les prisonniers – « Messieurs les allemands » (« Doitsu-san ») jouissaient d’une grande liberté et étaient libérables sur parole.
Les 350 photographies présentes dans cet album se répartissent en trois périodes. La première, 70 photographies concernent la « colonie » de Tsingtao en Chine. La deuxième, environ 250 photographies, le camp de Kurume avec notamment les activités de théâtre, de sport, de musique (concerts), de repas collectifs. La troisième, environ 35 photographies, le voyage de retour en Europe.
Bibliographie : Takehiko S., Les soldats de Tsingtao : qui étaient les prisonniers de guerre allemands de la première guerre ?, 2006 ; Film : « Le Paradis du moustachu » de Masalobu Deme (2006).